Depuis presqu’une semaine maintenant, nous sommes déconfinés après huit semaines de confinement.
Je vous avoue que cette période ne fut pas facile pour moi. Enseigner à distance n’est pas vraiment ce pourquoi j’ai signé à l’Éducation Nationale (je ne dois d’ailleurs pas être la seule). J’ai réussi à garder le lien avec mes 14 élèves et j’ai essayé de les motiver tout le long en leur proposant des choses diverses et variées.
Aujourd’hui, je ne suis pas retournée en classe. La seule chose que j’ai faite, c’est rencontrer mes parents d’élèves le 12 mai pour leur donner du travail papier jusqu’au weekend de l’ascension et leur rendre quelques affaires. J’ai aussi eu la bonne idée de déménager l’ensemble de ma classe et de l’installer dans le cas où, ma collègue devrait accueillir des enfants supplémentaires en juin.

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Pourquoi, ne pas avoir repris ? On a tous nos peurs..notre idéal…J’ai toujours été présente en classe devant mes élèves, même malade…Mon mari a toujours pris les jours enfants malade à ma place.
Je n’ai jamais regretté ce choix car dans mon école, les remplacements se font rares et quand on n’est absent, ça peut durer longtemps sans voir le bout du nez de quelqu’un qui vient prendre notre classe. Il m’est même arrivée une fois, où j’ai refusé d’aller en formation REP car je n’étais pas remplacée.
Alors, pourquoi maintenant ? Pour plusieurs raisons…
La première est qu’aucun de mes élèves n’a repris le chemin de l’école car les parents ont peur malgré tout. La seconde est que je suis asthmatique depuis l’âge de deux ans avec un traitement et que mon fils a pris le même chemin que moi. Et pour finir, je trouve ça vraiment très déroutant, ce changement de règles mais surtout extrêmement violent.

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L’école, c’est pour moi, un lieu où les enfants s’amusent, se donnent la main et rient ensemble. Ces enfants sont trop jeunes pour se soucier de tout ça…ils ont besoin de cette liberté innocente chaque jour pour grandir et avancer dans la vie. Nous leur avons appris le partage et de nouveaux modes d’apprentissage.
Aujourd’hui, on leur demande : de ne plus se donner la main, de ne plus partager, de ne plus amener de gouter, de ne plus amener de cartable, de ne plus jouer ensemble, de rester loin les uns des autres, de ne plus travailler les uns avec les autres, de ne plus s’entraider, de ne plus toucher au matériel de la classe, de ne plus se déplacer pour aller prendre un bon livre après avoir fini un exercice, etc…
En maternelle, on a condamné les coins jeux en les recouvrant, les jeux extérieurs sont ornés de panneaux interdits et de bandes rouges et blanches, on a supprimé certains toilettes et certains robinets, on a tracé des flèches au sol pour le sens de circulation et on a surtout tracé des cercles dans la cour pour qu’ils ne puissent pas jouer ensemble et se toucher…

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Mais c’est l’école de la République ça ? Nan, ce n’est pas l’école où j’aime enseigner, c’est une prison pour enfants pour moi et rien d’autre.
Le pire dans tout ça c’est qu’en sortant de l’école, les enfants vont jouer ensemble, se toucher et ne respecter aucun gestes barrière mis en place à l’école car ce sont juste des enfants qui ont été enfermés pendant huit semaines sans voir les copains et qui ont envie de profiter de leur enfance.

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On me répondra que l’on fait ça pour les protéger et qu’une fois à l’extérieur de l’école, ils ne sont plus sous la responsabilité des enseignants mais ce n’est pas ça les protéger. Les protéger, ça aurait pu être de les laisser à la maison jusqu’en septembre afin qu’ils continuent l’enseignement à distance ou bien même les laisser avoir trois mois de vacances car ce n’est pas si important que ça de rater un mois d’école et ce n’est pas si grave de ne pas terminer le programme. Ce qui est le plus important c’est : de rester en vie !
Nous sommes devenus uniquement les cobayes du gouvernement mais encore plus une grande GARDERIE nationale.
Prenez soin de vous.
Lollie
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